Un billet fort intéressant, sur le blog de Female Science Professor, comme d'habitude.

Pour rappel, FSP est professeur (full professor) de sciences dures dans une grande université de recherche privée (genre MIT, disons). Son blog nous apprend de nombreuses choses sur le fonctionnement au quotidien d'une grande université américaine.

Ainsi, elle doit fournir, chaque année, un rapport sur son activité. Rapport qui servira à 1° déterminer le niveau d'enseignement qu'elle doit effectuer, et 2° déterminer si elle doit recevoir une augmentation liée au mérite (et aussi, 3° convaincre ses collègues qu'elle n'est pas une glandeuse).

Il me manque des détails pour apprécier toute la situation (et les différences avec, par exemple, les réformes proposées chez nous). Il semble que, suivant la tradition des grandes universités américaines, les rapports soient lus et évalués par les collègues du département, et que les décisions soient prises par le Department Chair. Des décisions locales, basées sur une évaluation collégiale, donc. Ça ne remonte donc pas jusqu'au président d'Université. En même temps, le département doit aussi fournir un rapport d'activité, j'imagine, et c'est sur la base de ce rapport d'activité que le président d'université décide du budget du département (et ce budget conditionne les augmentations, donc tout se tient...)

Pour être complet, dans certaines disciplines, une partie du salaire des professeurs provient des grants (jusqu'à 75 % en biologie, beaucoup moins en informatique). Ce qui laisse plus d'autonomie par rapport au département, mais rend encore plus dramatique la situation quand les grants s'arrêtent. J'avais beaucoup apprécié un article de Nature, intitulé "Closing Arguments", qui raconte ce qui se passe à ce moment, la lutte pour obtenir des fonds pour tenir jusqu'au prochain appel d'offre, les problèmes pratiques... C'est une excellente lecture, que j'aurais dû recommander à l'époque. J'en avais retenu, surtout, la grande dépendance d'une discipline comme la biologie à la présence d'un budget continu : quand un frigo à 80 000 $ tombe en panne, si vous n'avez pas le budget pour le réparer, c'est la fin de toutes vos lignées de cellules... Ce qui signifie la quasi-impossibilité de re-démarrer après une interruption totale de la recherche. C'est d'ailleurs la première réaction d'une des protagonistes : "it means my research days are over". Mais j'avais apprécié aussi la position du Department Chair, qui cherche la solution la plus viable et la plus raisonnable. Son intérêt, c'est de défendre "ses" professeurs, et de faire en sorte qu'ils puissent faire de la bonne recherche.

Pour continuer une réflexion et tenter une comparaison avec la France, le Department Chair s'occupe à la fois d'enseignement et de recherche. Point essentiel, qui lui donne l'autorité pour trancher, justement, entre les deux. Alors que dans une grande université française, le seul poste hiérarchique qui concerne à la fois l'enseignement et la recherche, c'est le président. L'enseignement dépend des UFR, qui discutent avec le Vice-Président Enseignement, et la recherche dépend des laboratoires, qui parlent avec le Vice-Président Recherche. Ça n'est qu'au niveau de la présidence que se fait la jonction des deux voies hiérarchiques.