Le Ministère de la recherche a publié un long opuscule qui explique les origines des personnes recrutées comme enseignants-chercheurs en 2008. On y trouve plein d'information, discipline par discipline et établissement par établissement.

Par exemple, plus de la moitié des recrutés en 27e section (informatique) avaient été qualifiés en 2008. La proportion est encore plus forte en science de gestion (6e). À l'inverse, en 64e (biochimie et biologie moléculaire), seul 1/4 des recrutés sont des qualifiés de l'année... Ce qui laisse entrevoir des post-docs relativement longs. C'est à la page 60. À la page suivante, vous avez l'année d'obtention du doctorat des recrutés 2008, par section. Là encore, on distingue bien les sections qui recrutent rapidement après la thèse (presque tous les recrutés ont eu leur diplome en 2007, le chiffre le plus élevé ensuite est 2006, ensuite 2005, etc...), par exemple la 60e (Mécanique et Génie Civil), à l'opposé des sections qui recrutent lentement, comme la 64e (encore ?), où moins de 10 % des recrutés ont eu leur diplome en 2007, et les chiffres sont plats (autant de recrutés ayant eu leur diplome en 2002 qu'en 2003 ou en 2006...).

On pourrait en conclure une certaine tension sur le marché du travail des docteurs en biologie moléculaire, avec peu de postes, beaucoup de doctorants, et des recrutés de plus en plus surqualifiés.

Mais la page qui m'intéresse le plus est la page 34, sur l'origine des doctorants recrutés.

  • En Lettres et Sciences Humaines, 8 universités parisiennes ont formé 40 % des recrutés. Si l'on ajoute les 7 universités de province qui ont formé 18 % des recrutés, on aboutit à 15 universités qui, à elles seules, ont formé 60 % des nouveaux MCF. Je n'ai pas de conseils à donner aux futurs doctorants en LSH, mais s'ils veulent avoir un poste à l'issue de leur thèse, statistiquement, ils ont plus de chance s'ils s'inscrivent à Paris 1, 3, 4, 5, 7, 8 ou 10, à l'EHESS, ou à Aix, Bordeaux, Lyon, Montpellier, Rennes, Strasbourg ou Toulouse...
  • En Droit et Sciences Économiques, c'est la même chose : 15 établissements ont formé, à eux seuls, 65 % des MCF recrutés. 11 universités de province ont donné leur diplome de doctorat à 40 % des recrutés, et 4 universités parisiennes ont formé 25 % des recrutés. Donc, si c'est le droit ou l'économie votre passion, la ville universitaire où aller s'appelle Aix, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Lille, Montpellier, Nancy, Nice ou Toulouse. Ou alors Paris 1, 2, 9 ou 10...
  • En Science, la situation est plus contrastée (mais peut-être qu'on pourrait voir des choses plus fortes si on regardait des disciplines précises, comme la physique). Les 14 premiers établissement ne totalisent que 42 % des recrutés, dont 28 % en province et 13 % en Ile-de-France. En Ile-de-France et non à Paris, parce que cette fois-ci, une université hors-périf est sur le podium. Paris 6, 11 et 7 sont les universités en pointe pour la région parisienne, suivies par Strasbourg, Lyon, Toulouse, Grenoble, Montpellier, Bordeaux, Lille, Nancy et Clermont.

Qu'est-ce qu'on pourrait en conclure ? D'abord, que l'aménagement du territoire a ses limites. L'Université d'Avignon ou celle de Valencienne forment des doctorants brillants, et en terme de nombre de publications, elles sont devant des écoles plus réputées. Mais pour arriver à placer leurs doctorants en nombre dans les autres universités, il leur reste du chemin à parcourir... (encore qu'il faudrait aussi le chiffre inverse, absent des tablettes du ministère : pourcentage de chances d'être recruté en fonction de l'université d'obtention du doctorat)

Ensuite, je n'ai pas un tableau comparatif des universités françaises, qui pourrait servir à dire, cette fois-ci, aux futurs candidats MCF : "allez là, on y fait de la bonne recherche". Mais j'ai un tableau comparatif qui me permet de dire : "si vous allez là, vos doctorants ont une meilleure chance d'être recrutés plus tard"...

Enfin, que les gros pôles universitaires sont toujours les mêmes : Strasbourg, Lyon, Montpellier, Aix-Marseille...