Le Ministère de la Recherche vient de mettre en ligne le "rapport sur l'emploi scientifique en France".

Après quelques pages de banalités, on arrive au cœur du sujet, l'emploi des docteurs, et son évolution au cours du temps. Le rapport présente la situation, 3 ans après la soutenance, de 4 cohortes de docteurs : ceux ayant soutenu en 1997, 1998, 2001 et 2004 (ainsi, on regarde en 2004 si les doctorants ayant soutenu en 2001 ont trouvé un emploi. Puis on regarde en 2007 si les doctorants ayant soutenu en 2004 ont trouvé un emploi). Je vous le fait avec des courbes :

En résumé : dans deux groupes de discipline (la Chimie et les Lettres et Sciences Humaines) les jeunes docteurs ont un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, qui est d'environ 8-9 % sur la période. En caricaturant un peu, on pourrait dire que vous avez plus de chances d'être au chômage avec un doctorat en Chimie que sans (en caricaturant un peu, parce qu'en fait il faudrait comparer avec une classe d'âge équivalente, soit 28-29 ans).

Ce qui est non moins important, le rapport nous dit, pour ceux qui ont trouvé un emploi, si c'était un CDI ou un CDD :

En résumé : dans plusieurs disciplines, le taux de CDD est supérieur à 30 % (Chimie, SVT), et dans un cas flirte avec les 50 %. Plus de la moitié des docteurs en Biologie qui ont trouvé un emploi n'ont trouvé qu'un emploi à durée déterminée, et ce 3 ans après la soutenance. En comparaison, 87 % des docteurs en Informatique ou Sciences pour l'Ingénieur qui ont trouvé un emploi sont en CDI 3 ans après leur soutenance.

Ce sont des chiffres qui confirment d'autres analyses qu'on a eu par ailleurs, mais qui mériteraient, à mon humble avis (et je suis totalement désintéressé...), une plus grande publicité.

Enfin, le rapport nous donne la répartition des emplois (privé/public, et recherche/pas recherche). 2/3 des docteurs en Informatique, sciences pour l'ingénieur, électronique travaillent dans le privé (c'est la proportion la plus forte) (mais ils continuent à faire de la recherche, pour leur grande majorité). Et 52 % des docteurs en Droit, Économie et Gestion ne travaillent pas dans la recherche (qu'ils soient dans le privé ou dans le public). Là encore, des chiffres qui ne sont pas une énorme surprise, mais qui mériteraient une plus grande publicité.

Ce que ça montre, surtout, c'est que la situation, très médiatisée, du "docteur qui galère dans des emplois précaires" est surtout vraie pour certaines disciplines, et l'est beaucoup moins pour d'autres. Tous ces beaux discours sur l'employabilité des docteurs et l'insertion des docteurs en entreprise, ils sont visiblement mis en pratique en Droit, économie, gestion, sciences pour l'ingénieur, électronique, informatique...