Je ne vais pas vous faire un billet sur les dépenses des régions en matière de recherche, d'autres s'en sont chargé avant moi.

Je vais vous faire du qualitatif, du comparatif. En me basant juste sur mon expérience personnelle. Pour mon équipe de recherche, la contribution de la région représente entre 1 et 2 % du budget annuel. C'est faible. Même si je ne considère que le budget hors salaire, qui représente plus ou moins les conditions de travail des chercheurs (si on peut partir en missions, si on peut racheter un ordinateur...) la contribution de la région reste de l'ordre de 5 % (la même chose que le CNRS, d'ailleurs). Je suis content de leur contribution, mais si elle n'était pas là, ça ne serait pas une catastrophe pour l'équipe.

En fait, pour moi, la contribution principale de la région à la recherche, la chose qu'ils font et qui change le monde, ce sont les bourses de mobilité (appelée Eurodoc, puis Explora'Doc). Ces bourses donnent des moyens pour partir 6 mois au cours de la 2e ou 3e année de thèse, dans un laboratoire de recherche étranger. L'équivalent de ces internships que les doctorants américains font tous les étés, mais en sens inverse (et pas forcément pendant l'été). Le séjour de 6 mois peut être soit une fois 6 mois, soit deux fois 3 mois. Presque tous les doctorants de l'équipe depuis... très longtemps ont déposé une demande, presque tous ont vu leur demande acceptée, tous ceux qui l'ont fait ont vu un boost énorme sur leur recherche.

Le seul défaut que j'y vois, c'est que la demande doit être déposée au cours du premier semestre de la première année. Donc on se retrouve un peu à jouer les voyantes extra-lucides en devinant dans quelle direction un étudiant va diriger ses recherches et s'il sera intéressé par un séjour à X ou à Y... deux à trois ans plus tard.

Je n'arrive pas à savoir si ces bourses sont une spécificité de ma région, ou si elles sont généralisées. En tout cas, en terme d'effet concret par euro investi, je dirais que c'est énorme.

Au passage, j'en profite pour caser un détail : les doctorants américains ne sont pas payés pendant l'été. Du coup, ils vont passer l'été à travailler en entreprise, ça s'appelle des internships, et ça donne des crédits comptabilisés pour leur diplome. Tout le monde y trouve son compte : les entreprises y gagnent de la main d'œuvre bon marché (mais payée quand même), et l'occasion de voir leurs futurs recrutés. Les étudiants y gagnent un contact avec l'industrie, et un salaire meilleur que la bourse de thèse. Les universités y gagnent de futurs employeurs pour leurs docteurs et des contacts avec l'industrie (et des fois des dons). Comme les mois d'été ne sont pas payés, la thèse dure plus longtemps à prix égal, ce qui permet de faire murir les idées.

Le phénomène n'est pas anodin : Microsoft parvient ainsi à voir passer 25 % de l'ensemble des doctorants en Informatique. C'est énorme.